Lynchage de Sialkot : L’autopsie révèle que quasiment tous les os de Priyantha Kumara ont été brisés
« Une foule de plus de 800 hommes s’est rassemblée à l’usine vendredi à 10 heures du matin pour annoncer que Kumara avait déchiré un autocollant/une affiche, avec des versets islamiques inscrits, et avait commis un blasphème. Ils l’ont cherché et l’ont trouvé, depuis le toit. Ils l’ont traîné, battu sévèrement et à 11 h 28, il est mort et le corps a été incendié par la foule violente. »
Samedi, Priyantha Kumara, un directeur d’usine sri-lankais, a été lynché par la foule à Sialkot, au Pakistan, après avoir été accusé de blasphème. Battu à mort, il a ensuite été brûlé sur la voie publique.
L’inspecteur général de la police de la province du Pendjab, Rao Sardar Ali Khan, a ainsi décrit le lynchage :
« Une foule de plus de 800 hommes s’est rassemblée à l’usine vendredi à 10 heures du matin pour annoncer que Kumara avait déchiré un autocollant/une affiche, avec des versets islamiques inscrits, et avait commis un blasphème. Ils l’ont cherché et l’ont trouvé, depuis le toit. Ils l’ont traîné, battu sévèrement et à 11 h 28, il est mort et le corps a été incendié par la foule violente. »
Son épouse a vu les vidéos du lynchage qui circulent sur Internet. « C’était tellement inhumain », a-t-elle déploré.
Lundi, son corps a été envoyé au Sri-Lanka où il a été autopsié. Le Hindustan Times rapporte que tous ses os, à l’exception de son pied, ont été brisés et son corps calciné à 99%. Son décès serait dû à la fracture du crâne et de la mâchoire. Le média affirme que la foule était composée des partisans du parti islamiste radical Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP).
Sur Twitter, Imran Khan a expliqué avoir fait part auprès du président sri-lankais « de la colère et de la honte » du Pakistan.
« J’ai parlé au président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa aujourd’hui aux Émirats Arabes Unis pour faire part de la colère et de la honte de notre nation au peuple sri-lankais face au meurtre de Priyantha Diyawadana par des justiciers à Sialkot. Je l’ai informé que plus de 100 personnes avaient été arrêtées et je lui ai assuré qu’elles seraient poursuivies avec toute la rigueur de la loi. »
Spoke to Sri Lankan President Gotabaya Rajapaksa today in UAE to convey our nation's anger & shame to people of Sri Lanka at vigilante killing of Priyantha Diyawadana in Sialkot. I informed him 100+ ppl arrested & assured him they would be prosecuted with full severity of the law
— Imran Khan (@ImranKhanPTI) December 4, 2021
Il a également honoré, « au nom de la nation » la bravoure de Malik Adnan, « qui a fait de son mieux pour abriter et sauver Priyantha Diyawadana de la foule de justiciers à Sialkot, y compris en mettant sa propre vie en danger en essayant physiquement de protéger la victime ».
Malik Adnan a reçu les éloges de la nation et un Prix honorifique, le Tamgha-e-Shujaat. Sur Twitter, il réaffirmait sa volonté de sauver Priyantha Kumara.
« Ma passion ce jour-là était de sauver d’une manière ou d’une autre le citoyen sri-lankais, je ne voulais pas qu’un tel incident se produise qui ternirait le nom du pays. »
اس دن میرا جذبہ یہی تھا کہ کسی طرح سری لنکن شہری کو بچا لوں،چاہتا تھا کہ کوئی ایسا واقعہ نہ پیش آ جائے کہ ملک کا نام خراب ہو.ہم سب عاشق رسول ہیں. pic.twitter.com/UauKL1Ta6e
— Malik Adnan (@MalikAdnann) December 7, 2021
Il invite chacun à se tenir « aux côtés des opprimés ».
« Aujourd’hui, je suis très fier et mon message à la nation est que chaque fois que vous rencontrez une telle situation, restez toujours aux côtés des opprimés. »
Les évêques du Pakistan ont condamné ce lynchage. Dans une déclaration vue par l’organisation Aide à l’Église en Détresse, ils demandent que les coupables soient traduits en justice et que le gouvernement « prenne des mesures concrètes pour mettre fin à l’abus continu des lois sur le blasphème ».
« Nous condamnons le meurtre du citoyen sri lankais à Sialkot lors d’une attaque de foule après qu’il a été accusé de blasphème. Nous exhortons le gouvernement à prendre toutes les mesures pour traduire tous les coupables en justice et exigeons que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour mettre fin à l’abus continu des lois sur le blasphème. Le manque de responsabilité de ceux qui incitent à la violence s’est ajouté à cette tendance inhumaine qui décrit le Pakistan comme une société violente. »
M.C.